Si Paris brille par son patrimoine, sa culture et son rôle européen, lorsqu’il s’agit de finance de marché, Londres demeure la référence. La City, cœur historique de la finance britannique, concentre une part écrasante des transactions sur les actions, obligations, devises et produits dérivés en Europe.
Pour se donner une idée : avant le Brexit, Londres représentait environ 40 % des flux de transactions sur les produits dérivés européens, contre 10 % pour Paris. Et avec plus de 250 000 emplois liés aux services financiers, elle reste un hub incontournable pour les banques, fonds d’investissement et assureurs internationaux.
Mais pourquoi cette primauté ? L’histoire, la réglementation, la géographie et les infrastructures jouent toutes un rôle.
Héritage historique et influence internationale
Londres n’est pas devenue un centre financier du jour au lendemain.
Dès le XVIIᵉ siècle, la Bourse de Londres et le Royal Exchange structuraient déjà les échanges financiers.
Le commerce colonial et la puissance du Commonwealth ont favorisé l’émergence de flux financiers internationaux, donnant à la City un rôle de place centrale pour le commerce et les capitaux mondiaux.
À l’inverse, Paris, malgré sa Bourse (Euronext Paris), a eu une ouverture internationale plus limitée jusqu’au XXIᵉ siècle. Sa place se concentrait davantage sur les marchés domestiques et la gestion d’actifs que sur les transactions globales.
Ainsi, Londres bénéficie d’un retard historique à combler pour Paris : en matière de réseaux, de réputation et d’expérience internationale, la City possède plus de trois siècles d’avance.
Facteurs économiques et réglementaires
- Fiscalité et réglementation
La City attire les institutions pour sa flexibilité fiscale et réglementaire relative. Les régulations britanniques ont historiquement été moins contraignantes que celles du système français, notamment en matière de marché des capitaux et d’opérations transfrontalières. Cela a permis aux banques et hedge funds internationaux de s’y installer plus facilement.
- Liquidité et profondeur des marchés
Londres est un centre de liquidité mondiale. Les actions, obligations et produits dérivés y sont échangés en volumes bien supérieurs à ceux de Paris. Cette profondeur permet des transactions rapides, à grande échelle, ce qui attire les investisseurs internationaux et renforce la primauté de la City.
- Devise et internationalisation
L’anglais est la langue universelle de la finance et Londres fonctionne comme un hub en dollars, euros, livres sterling et devises émergentes. Cela favorise les transactions internationales et rend la place londonienne incontournable pour le marché des capitaux.
Facteurs structurels et opérationnels
- Fuseau horaire stratégique
La position géographique de Londres est idéale pour connecter l’Asie et l’Amérique. Les traders londoniens peuvent interagir avec Tokyo le matin et New York l’après-midi, offrant une fenêtre unique pour les transactions globales. Paris, légèrement plus à l’est, bénéficie moins de cet avantage stratégique.
- Infrastructure et écosystème
La City dispose d’un écosystème complet : banques, courtiers, assureurs, cabinets d’avocats financiers et fintechs. Les plateformes électroniques, les chambres de compensation et les services de back-office sont parmi les plus avancés au monde.
- Main-d’œuvre internationale
Londres attire des professionnels du monde entier : traders, analystes, juristes et ingénieurs financiers. Cette concentration de talents internationaux crée un effet réseau qui renforce la place de la City et rend difficile pour Paris de rivaliser à grande échelle.
Les atouts et limites de Paris
Paris dispose de points forts indéniables :
- Une expertise reconnue en gestion d’actifs et assurance.
- Une Bourse moderne (Euronext) intégrée à un réseau européen.
- Une capacité à attirer des investisseurs pour les IPOs et les fonds européens.
Mais certaines limites freinent son ascension :
- Réglementation plus stricte et fiscalité souvent perçue comme moins attractive.
- Moindre profondeur et liquidité des marchés de capitaux.
- Une orientation davantage centrée sur le marché domestique et européen que sur les flux mondiaux.
Ainsi, Paris excelle dans la sophistication et la gestion, mais Londres reste leader pour les transactions globales et la liquidité internationale.
Brexit et rééquilibrage potentiel
Le Brexit a bouleversé les cartes : certaines activités de trading ont migré vers Paris, Francfort ou Dublin. Cependant :
- Londres conserve son effet réseau et son écosystème.
- La profondeur de marché et l’expérience accumulée sur plusieurs siècles restent inégalées.
- Paris progresse, mais il s’agit d’un ralentissement de la croissance londonienne, plus que d’une redistribution complète des flux.
Un leadership consolidé
Pourquoi Londres et pas Paris ?
- Héritage historique et internationalisation précoce.
- Régulation flexible et fiscalité attractive.
- Fuseau horaire et infrastructures stratégiques pour le trading mondial.
- Main-d’œuvre internationale et réseau d’expertise.
Paris possède de nombreux atouts, mais la primauté de Londres repose sur sa profondeur de marché, sa liquidité et son rôle central dans la finance globale.