Depuis quelques semaines, un mot revient sur toutes les lèvres : la taxe Zucman. À la télévision, dans les débats politiques, jusque dans les cafés du coin, le sujet enflamme les conversations. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
L’idée d’un plancher pour les ultra-riches
Imaginons deux Français. Le premier gagne un salaire confortable et paie ses impôts plein pot. Le second possède un patrimoine de plusieurs centaines de millions d’euros… mais grâce à des montages financiers et des règles fiscales, il contribue proportionnellement beaucoup moins. C’est cette situation que l’économiste Gabriel Zucman veut corriger.
Sa proposition est simple : instaurer un impôt plancher pour les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Concrètement, si l’ensemble des impôts d’un milliardaire représente moins de 2 % de sa fortune, il devrait verser la différence.
En France, environ 1 800 foyers seraient concernés.
Les arguments des partisans : justice et efficacité
Pour ses défenseurs, la taxe Zucman répond à un impératif moral : faire en sorte que « ceux qui ont beaucoup » ne puissent pas échapper à un minimum de solidarité nationale. Elle serait aussi un outil puissant de redistribution, dans un contexte où les inégalités s’accroissent et où l’État cherche de nouvelles ressources.
Certains économistes estiment que la mesure pourrait rapporter jusqu’à 20 milliards d’euros par an, de quoi financer des investissements massifs dans l’éducation, la santé ou la transition écologique. Sept prix Nobel d’économie ont même signé un appel de soutien.
Les critiques : risques d’exil et effet boomerang
Mais la proposition suscite aussi de vives inquiétudes. Ses détracteurs redoutent que les plus grandes fortunes préfèrent quitter la France plutôt que de se plier à cette nouvelle règle. Avec elles, ce sont des sièges sociaux, des emplois et des investissements qui pourraient s’envoler.
D’autres soulignent la complexité d’une telle mesure : comment évaluer précisément des fortunes composées d’actions, d’entreprises non cotées ou d’actifs à l’étranger ? Le risque, selon eux, serait d’avoir un impôt coûteux à gérer mais peu rentable au final.
Enfin, certains juristes rappellent qu’un impôt plancher pourrait être jugé inconstitutionnel s’il est considéré comme confiscatoire.
Entre idéal et réalité
La taxe Zucman divise parce qu’elle touche à un nerf sensible : la répartition de l’effort fiscal. Pour ses partisans, elle incarne une avancée historique vers plus de justice. Pour ses opposants, elle menace l’attractivité du pays et risque de produire l’effet inverse de celui recherché.
La vérité se trouve sans doute entre les deux. Si elle était mise en place, cette taxe devrait s’accompagner de garde-fous : coopération internationale pour éviter l’exil, transparence accrue sur les patrimoines, et mesures de soutien à l’investissement productif.
Au fond, la taxe Zucman est moins une fin en soi qu’un symbole : celui d’un débat brûlant sur la place des ultra-riches dans nos sociétés, et sur la manière de concilier équité et dynamisme économique.