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Éducation à l’économie: Pour vos petits et vos plus grands

7 octobre 2025 par
Éducation à l’économie: Pour vos petits et vos plus grands
Direction

Parler d’économie avec des enfants ou des adolescents n’est pas toujours évident. Le mot “économie” fait souvent penser à des chiffres compliqués, des graphiques, des impôts ou des marchés financiers… Pourtant, l’économie, c’est la vie de tous les jours.

Quand on fait les courses, qu’on décide d’économiser, de prêter, de choisir un métier ou d’inventer un objet, on fait de l’économie sans même s’en rendre compte.

Apprendre les bases économiques dès le plus jeune âge, c’est comprendre comment le monde fonctionne, mais aussi comment agir avec responsabilité et liberté.

Cette revue propose un petit voyage au cœur de cinq grandes notions que parents et enfants peuvent découvrir ensemble :

  1. D’où vient l’argent ?

  2. Les banques : à quoi ça sert vraiment ?

  3. Du producteur au consommateur.

  4. L’argent de poche et la gestion.

  5. L’économie de demain.

Installez-vous confortablement : partons à la rencontre de cette drôle d’invention humaine qu’est l’économie, ce lien invisible qui relie presque tout ce que nous faisons.

1. D’où vient l’argent ?

On le manipule tous les jours : pour acheter une baguette, payer un abonnement ou s’offrir un café. Mais… d’où vient vraiment l’argent ? Est-ce juste du papier coloré ou un chiffre sur un écran ? Et pourquoi a-t-il de la valeur ?

Ce que nous appelons “argent” est en réalité une grande invention collective, née d’un besoin simple : échanger.

Avant l’argent : le monde du troc

Imagine un monde sans pièces, sans billets, sans carte.

Tu veux du pain, mais tu n’es pas boulanger. Tu proposes au boulanger deux œufs contre une baguette.

S’il a besoin d’œufs, parfait ! Sinon, tu dois d’abord trouver quelqu’un qui veut tes œufs et a quelque chose que le boulanger désire. Pas très pratique…

C’est ce qu’on appelle le troc : l’échange direct de biens ou de services.

Le troc fonctionne, mais il a deux limites majeures :

  • Il faut que les besoins des deux personnes se croisent.

  • Il est difficile de mesurer la valeur : combien d’œufs valent une baguette ? Et une vache ?

Alors, petit à petit, les sociétés ont cherché un moyen d’échange universel, quelque chose que tout le monde accepte : des coquillages, du sel, des métaux précieux…

C’est là qu’est née l’idée de la monnaie.

Les premières monnaies : le métal, le poids et la confiance

Vers 600 avant J.-C., les premières pièces de monnaie apparaissent en Lydie (actuelle Turquie).

Elles sont faites d’or, d’argent ou de cuivre, et portent le sceau d’un roi. Ce sceau garantit leur poids et leur pureté.

L’argent devient donc un outil de confiance : si une pièce a la même valeur pour tout le monde, les échanges deviennent simples.

Mais transporter beaucoup de métal est lourd et risqué. Alors, vers le IXᵉ siècle, en Chine, on invente un nouveau support : le papier.

Le papier remplace le métal

Au départ, les billets ne sont que des reçus donnés par des marchands ou des banquiers : tu déposes ton or, et on te donne un papier disant “je te dois cette somme”.

Ce papier devient échangeable : si tout le monde a confiance dans la personne qui l’a émis, il circule comme de l’argent.

Plus tard, les États reprennent ce système : les banques centrales émettent des billets garantis par des réserves d’or.

Mais au XXᵉ siècle, les échanges deviennent tellement massifs que ce système ne suffit plus.

Depuis les années 1970, l’argent n’est plus garanti par l’or, mais par la confiance collective.

L’argent d’aujourd’hui et de demain

Aujourd’hui, plus de 90 % de la monnaie n’existe pas sous forme de billets ou de pièces : c’est de la monnaie électronique, stockée dans les banques.

Elle a de la valeur parce que nous avons confiance dans ceux qui la gèrent.

Avec les cryptomonnaies comme le Bitcoin, une nouvelle ère s’ouvre : l’argent devient totalement numérique, sans passer par les États.

Mais une chose ne change pas : l’argent n’existe que parce que nous croyons en lui.


2. Les banques : à quoi ça sert vraiment ?

Les banques peuvent sembler mystérieuses : elles gardent l’argent, prêtent, encaissent, investissent… Mais à quoi servent-elles vraiment ?

En réalité, elles font circuler l’argent et financent les projets qui font tourner l’économie.

Garder et faire circuler l’argent

Autrefois, on cachait son argent dans des coffres ou sous un matelas. Aujourd’hui, on le confie à une banque.

Elle le garde en sécurité, mais surtout, elle ne le laisse pas dormir : elle le prête à d’autres personnes ou entreprises.

C’est ainsi que ton argent sert, sans que tu le saches, à financer une maison, une voiture, une entreprise ou un projet local.

Prêter, c’est créer

Quand une banque prête, elle ne sort pas forcément de l’argent “déposé” par d’autres.

Elle crée de la monnaie scripturale, c’est-à-dire de nouveaux chiffres sur un compte.

Cet argent n’existait pas avant le prêt, mais il sera détruit quand le prêt sera remboursé.

Ainsi, les banques participent directement à la création monétaire, sous le contrôle de la Banque centrale, qui fixe les règles et les taux d’intérêt.

Gagner de l’argent, mais aussi prendre des risques

Les banques se rémunèrent en partie grâce aux intérêts : l’argent que paie l’emprunteur pour le service rendu.

Mais elles doivent aussi faire face à des risques : si trop de clients ne remboursent pas, la banque perd de l’argent.

C’est pourquoi elles évaluent soigneusement la solvabilité de chaque emprunteur.

Un rôle essentiel dans la société

Sans banques, pas de crédit immobilier, pas de prêt étudiant, pas d’investissement pour créer des emplois.

Mais leur pouvoir doit être surveillé : des crises financières ont montré qu’un excès de spéculation peut avoir des conséquences graves.

C’est pour cela que les banques sont strictement encadrées par la loi et les autorités monétaires.

En résumé, les banques sont les poumons de l’économie : elles font circuler la monnaie et financent les besoins de chacun.


3. Du producteur au consommateur : le voyage d’un produit

Quand on achète un objet, on ne pense pas toujours au chemin qu’il a parcouru. Pourtant, chaque produit raconte une longue histoire économique.

Le parcours d’un produit

Prenons l’exemple d’une tablette de chocolat.

Avant d’arriver dans ton supermarché, il a fallu cultiver le cacao (souvent en Afrique ou en Amérique du Sud), le transporter, le transformer, le conditionner, le distribuer…

À chaque étape, quelqu’un travaille, ajoute de la valeur, et prend une part du prix final.

C’est ce qu’on appelle la chaîne de valeur : l’ensemble des étapes qui transforment une matière première en produit fini.

Qui gagne quoi ?

Entre le producteur de cacao, l’usine, la marque, le distributeur et le commerçant, les parts sont souvent inégales.

C’est pour corriger ces déséquilibres qu’est né le commerce équitable : un système où les producteurs sont mieux payés et les consommateurs savent d’où vient leur achat.

Consommer, c’est voter

Chaque achat est un acte économique et moral.

Acheter local soutient les producteurs proches de chez soi.

Privilégier des marques responsables pousse les entreprises à mieux produire.

Consommer autrement, c’est donc aussi agir sur l’économie.

L’économie réelle

Le voyage d’un produit, du champ à la boutique, montre que l’économie, ce ne sont pas que des chiffres : ce sont des gens, des métiers, des savoir-faire.

Derrière chaque objet, il y a du travail, du transport, de la création, et souvent des choix collectifs.


4. L’argent de poche : un premier pas vers la gestion

Parler d’argent de poche, c’est parler d’autonomie. Ce petit montant régulier ou occasionnel est souvent la première expérience économique des jeunes.

Comprendre la valeur des choses

Recevoir de l’argent, ce n’est pas seulement “avoir plus”.

C’est apprendre à choisir : acheter tout de suite ou économiser pour plus tard.

Cette réflexion développe la patience, la responsabilité et la notion de priorité.

Épargner, dépenser, partager

Trois usages essentiels de l’argent se découvrent très tôt :

  • Épargner : mettre de côté pour un projet ou une sécurité.

  • Dépenser : utiliser avec réflexion, en distinguant le besoin de l’envie.

  • Partager : aider, offrir, ou soutenir une cause.

Tenir un petit budget personnel aide à comprendre comment équilibrer ses choix :

si on dépense tout dès le début du mois, il n’en reste plus pour les imprévus !

L’erreur comme apprentissage

Apprendre à gérer son argent, c’est aussi avoir le droit de se tromper.

Acheter quelque chose qu’on regrette fait partie de l’expérience.

L’essentiel est d’en tirer une leçon : la prochaine fois, on réfléchit un peu plus avant d’acheter.

Vers l’autonomie financière

En comprenant tôt la valeur de l’argent, on prépare les jeunes à prendre de bonnes décisions plus tard : choisir un métier, évaluer un salaire, faire un budget d’étudiant ou un prêt.

L’argent de poche n’est donc pas une récompense : c’est un outil d’apprentissage.


5. L’économie de demain : numérique, verte et solidaire

Le monde change vite, et l’économie aussi. Les nouvelles technologies, la transition écologique et la solidarité redéfinissent la façon de travailler, de produire et de consommer.

Le numérique : une révolution silencieuse

L’économie numérique transforme les métiers.

Les plateformes, les applications, l’intelligence artificielle et le télétravail créent de nouvelles formes d’emploi, plus flexibles mais aussi plus précaires.

Aujourd’hui, on peut être livreur à vélo, développeur à distance ou créateur de contenu.

Mais cette liberté s’accompagne de nouveaux défis : sécurité, droits sociaux, équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

L’économie verte

Face à la crise climatique, de nombreux métiers se réinventent.

Les énergies renouvelables, la rénovation énergétique, la mobilité durable ou le recyclage créent des emplois nouveaux.

L’économie verte cherche à concilier croissance et respect de la planète, en transformant les modes de production.

L’économie sociale et solidaire

À côté des grandes entreprises, des associations, des coopératives et des mutuelles prouvent qu’on peut faire de l’économie autrement.

Elles privilégient la valeur humaine plutôt que le profit.

Elles emploient, innovent, et participent à la cohésion sociale.

L’économie de demain sera humaine

Les technologies et les transitions en cours changent nos vies, mais le cœur de l’économie reste le même : des humains qui collaborent.

Apprendre à comprendre ces mécanismes, c’est se donner les moyens d’agir, de choisir un métier de sens et d’être un citoyen éclairé.


Apprendre l’économie, c’est apprendre à comprendre son environnement

L’économie n’est pas réservée aux experts. C’est une langue universelle que chacun parle sans s’en rendre compte : quand on achète, vend, échange, travaille ou choisit.

Pour les enfants comme pour les adultes, comprendre l’économie, c’est apprendre à penser ses choix : savoir d’où vient la richesse, ce qu’elle coûte, et comment elle circule.

Dans un monde en mutation, cette éducation économique est une clé d’autonomie et de citoyenneté.

Apprendre ensemble, parents et enfants, à décoder ces mécanismes, c’est aussi renforcer un lien : celui de la curiosité, de la responsabilité et du bon sens partagé.

Parce que comprendre l’économie, c’est, finalement, comprendre la vie.

Partie 2

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