Introduction
Dans une époque marquée par des tensions économiques, sociales et politiques, la question du rôle de l'État dans la redistribution des richesses est plus que jamais centrale. L’entrepreneur français Éric Larchevêque, connu pour avoir cofondé la startup Ledger (leader mondial en solutions de sécurisation de crypto-actifs), prend ici position sur ce qu’il considère être une dérive vers un collectivisme fiscal en France. Dans cet entretien mené par le média Thinkerview, il développe une critique acérée de certaines mesures fiscales, notamment la proposition de taxe sur les super-riches défendue par l’économiste Gabriel Zucman.
Ce résumé approfondi vous permet de saisir l’essentiel de son propos, même sans visionner la vidéo originale. Vous y trouverez les arguments principaux, le contexte idéologique, et les implications que cela peut avoir sur l’avenir économique du pays.
Un climat fiscal anxiogène pour les entrepreneurs
Dès les premières minutes de l’entretien, Larchevêque plante le décor : selon lui, la France devient un pays de plus en plus hostile aux initiatives privées et à la réussite financière. Il explique que le discours politique ambiant tend à stigmatiser les personnes fortunées, en les désignant comme responsables des inégalités sociales et comme obstacles à la justice économique.
« On ne parle plus d'entrepreneurs, on parle de riches comme d’un problème à résoudre. »
Larchevêque insiste sur le fait que les entrepreneurs ne sont pas des spéculateurs passifs, mais des individus qui prennent des risques, créent de l'emploi et contribuent activement à l’économie réelle.
La taxe Zucman : un pas vers la collectivisation ?
L’élément déclencheur de sa prise de parole est la proposition de Gabriel Zucman, visant à instaurer un impôt mondial de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Selon Larchevêque, cette taxe, sous couvert de justice sociale, constitue en réalité une forme de collectivisation des moyens de production.
Il explique qu’une entreprise à forte croissance pourrait, sous l’effet cumulé de cette taxe annuelle, voir l’État devenir actionnaire majoritaire en quelques décennies… sans qu’il y ait rachat, ni nationalisation officielle.
« Ce n’est pas un impôt. C’est une expropriation progressive. »
Il utilise même le terme « vol légalisé », soulignant le caractère insidieux de cette mesure, qui s’attaque non pas aux revenus mais au stock de richesse, donc au capital.
Entre justice sociale et liberté économique
Larchevêque reconnaît la nécessité de la solidarité nationale et de la redistribution. Il ne rejette pas l’impôt en soi, mais appelle à faire la distinction entre une fiscalité juste et une fiscalité punitive.
Son argument central est le suivant : au-delà d’un certain seuil, la pression fiscale ne réduit pas seulement les inégalités, elle détruit les incitations à créer, investir et innover. Il rappelle que l’impôt sur les successions, l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) ou encore les taxes sur les dividendes peuvent déjà représenter des prélèvements très lourds.
« Ce n’est pas en affamant ceux qui produisent qu’on nourrit mieux les autres. »
Il s’oppose donc à une vision de la justice sociale fondée sur la confiscation de la richesse, plutôt que sur la création de valeur partagée.
L’entrepreneur, un ennemi idéologique ?
Une partie importante de l’entretien est consacrée au climat culturel et idéologique dans lequel baigne la France aujourd’hui. Larchevêque évoque un ressentiment croissant envers les élites économiques, alimenté selon lui par certains discours politiques et intellectuels.
Il dénonce un retour de l’anticapitalisme primaire, où toute réussite financière est suspecte, voire immorale. Dans ce contexte, les entrepreneurs seraient assimilés à des profiteurs du système, alors qu’ils en sont, selon lui, les piliers.
« J’ai l’impression qu’on est revenu aux années 70, où tout ce qui touche à l’argent est sale. »
Ce climat a, selon lui, un effet dissuasif sur la jeunesse : pourquoi créer une entreprise si la réussite est mal vue, lourdement taxée, voire combattue par la société ?
Faut-il quitter la France ?
L’interview prend un tour plus personnel lorsque Larchevêque évoque sa propre situation. Installé en France, il affirme aimer ce pays, mais reconnaît qu’il a envisagé de partir si les mesures fiscales devenaient intenables.
« Aujourd’hui, je dis aux jeunes entrepreneurs : réfléchissez sérieusement à partir. »
Ce message, choquant pour certains, se veut avant tout réaliste. Larchevêque rappelle que de nombreux pays (Suisse, Estonie, Dubaï, etc.) offrent des environnements plus favorables à l’investissement et à l’innovation. Il ne souhaite pas partir, mais affirme qu’un environnement fiscal hostile finit inévitablement par provoquer une fuite des talents et des capitaux.
Il s’inquiète de l’avenir de l’écosystème tech français, qui pourrait perdre sa compétitivité si la pression fiscale augmente encore.
Débat sur la propriété privée
L’un des points les plus marquants de son propos concerne la propriété privée, qu’il considère comme un pilier de la liberté individuelle. Selon lui, s’attaquer à la propriété sous prétexte de justice sociale revient à mettre en péril la démocratie libérale.
« Quand on ne possède plus rien, on est à la merci de l’État. »
Il établit un lien direct entre la sécurité juridique, la protection des actifs privés et la capacité des citoyens à être autonomes. Une société qui fragilise ou dilue le droit de propriété, même au nom de l’intérêt général, ouvre la voie à un contrôle centralisé, voire à des dérives autoritaires.
Réformer autrement ?
Pour autant, Larchevêque ne plaide pas pour un statu quo. Il reconnaît qu’il existe de grandes inégalités et que des réformes fiscales sont nécessaires. Mais il milite pour une approche constructive et incitative, pas punitive.
Il suggère par exemple de favoriser les mécanismes de transmission d’entreprise, d’encourager l’investissement dans l’économie réelle, ou encore de simplifier le système fiscal, souvent jugé trop complexe et opaque.
Selon lui, une fiscalité intelligente peut à la fois favoriser l’initiative privée et servir le bien commun.
Une parole entrepreneuriale rare mais nécessaire
Larchevêque déplore que les entrepreneurs soient trop peu présents dans le débat public. Il regrette que les voix du monde économique soient souvent marginalisées, voire caricaturées, au profit de récits plus populistes ou idéologiques.
Il appelle à une revalorisation de la figure de l’entrepreneur, comme moteur du progrès et de l’émancipation individuelle. Il cite d’ailleurs l’exemple de son propre parcours — issu d’un milieu modeste, il a réussi par son travail — pour défendre le mérite, la prise de risque et l’innovation.
Une critique du « collectivisme moderne »
En conclusion, Larchevêque dresse un tableau sombre mais argumenté de ce qu’il appelle le « collectivisme moderne ». Ce dernier ne prend pas la forme d’une nationalisation brutale, comme au XXe siècle, mais d’une prise de contrôle progressive par la fiscalité.
« Le collectivisme, ce n’est plus l’URSS. C’est l’État actionnaire par défaut. »
Il met en garde contre une vision de l’économie où l’État deviendrait propriétaire indirect des moyens de production, par le biais de taxes récurrentes sur le capital. Pour lui, ce modèle conduit à l’inefficacité, à la fuite des cerveaux et à l’appauvrissement collectif.
Quelques limites à noter
Bien que la position d’Éric Larchevêque soit claire, elle n’est pas exempte de critiques:
Il adopte un point de vue très libéral, qui peut être contesté par ceux qui plaident pour une plus forte redistribution.
Il ne discute pas en profondeur des conséquences sociales des inégalités extrêmes.
Il ne propose pas d’alternative chiffrée ou d’analyse comparative des systèmes fiscaux.
Cela dit, son intervention a le mérite de poser des questions fondamentales sur l’équilibre entre justice sociale, liberté individuelle, et efficacité économique.
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