La gestion d’actifs en France est souvent associée aux géants tels qu’Amundi, BNP Paribas Asset Management, Natixis Investment Managers ou AXA IM. Pourtant, derrière ces mastodontes, une multitude d’acteurs jouent un rôle décisif dans l’orientation et la consolidation de l’épargne : les caisses coopératives, les banques en marque blanche et les cabinets indépendants.
Ces acteurs, souvent perçus comme secondaires, sont en réalité des piliers indispensables. En collectant, diffusant et conseillant, ils participent directement à renforcer le poids financier des gestionnaires d’actifs et à irriguer l’économie française.
1. Les caisses coopératives : la puissance de la collecte locale
Les caisses coopératives constituent le socle de l’épargne populaire en France. Leur modèle mutualiste et territorial en fait des collecteurs massifs et de confiance.
Des chiffres impressionnants :
Le Crédit Agricole, via ses Caisses régionales, gérait en 2024 plus de 1 200 milliards d’euros d’encours clientèle (Crédit Agricole – rapport financier).
Le Groupe BPCE (Caisses d’Épargne + Banques Populaires) affichait environ 1 584 milliards d’euros d’actifs fin 2024 (Globenewswire).
Le Crédit Mutuel et ses fédérations régionales dépassaient les 950 milliards d’actifs en 2024.
Un exemple régional fort : la Caisse Coopérative d’Aquitaine
Plus récemment, la Caisse Coopérative d’Aquitaine a démontré la vitalité de ce modèle local en levant plus de 600 millions d’euros auprès de ses adhérents et partenaires. Cette collecte massive prouve que, même à l’échelle régionale, les caisses coopératives sont capables de mobiliser des ressources financières considérables et de les canaliser vers des investissements structurants.
Ces caisses ne sont donc pas de simples banques de proximité : elles forment la colonne vertébrale de la collecte d’épargne nationale, et nourrissent directement les grands gestionnaires d’actifs auxquels elles confient la gestion des portefeuilles.
2. Les banques en marque blanche : amplifier la diffusion des fonds
Les banques en marque blanche permettent à de nombreux établissements, parfois modestes, de proposer des produits d’investissement sophistiqués conçus par les grands gestionnaires.
Exemple concret : Amundi fournit en marque blanche des produits de gestion de portefeuille distribués par plusieurs réseaux bancaires partenaires, qui conservent leur identité commerciale.
Un marché en expansion : selon une étude de PwC, la distribution en marque blanche représente déjà plus de 10 % de l’offre d’épargne collective en Europe, une part en croissance grâce à la digitalisation.
Un effet multiplicateur : pour un gestionnaire, chaque partenariat en marque blanche ouvre l’accès à des dizaines de milliers de clients supplémentaires, sans coûts lourds de distribution.
C’est une manière pour les géants de la gestion d’actifs de consolider leur poids tout en restant invisibles aux yeux de l’épargnant final.
3. Les cabinets indépendants : le conseil sur mesure
Les conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) constituent un autre relais clé. Proches de leurs clients, ils orientent des volumes significatifs vers les fonds des grands gestionnaires.
Un rôle de prescription majeur : on estime que les CGPI orientent environ 12 % de l’encours total de l’assurance-vie en France, soit plusieurs centaines de milliards d’euros (AFG – Association Française de la Gestion Financière).
Un apport qualitatif : leur valeur ajoutée réside dans la personnalisation. Contrairement aux réseaux bancaires, ils peuvent sélectionner librement les fonds, en comparant performance, frais et stratégie.
Une influence croissante : avec la montée en puissance de l’épargne financière des ménages français (plus de 5 800 milliards € d’actifs financiers détenus par les particuliers fin 2024 – Banque de France), les CGPI deviennent des prescripteurs incontournables.
4. Une chaîne de valeur interconnectée
La gestion d’actifs repose sur une architecture collaborative où chacun a un rôle bien défini :
Les caisses coopératives collectent massivement l’épargne des ménages et entreprises locales.
Les banques en marque blanche élargissent la diffusion des fonds auprès de nouvelles clientèles.
Les cabinets indépendants orientent et conseillent de manière fine les épargnants patrimoniaux.
Ce triangle assure la solidité de l’écosystème. En retour, les gestionnaires d’actifs apportent sécurité, innovation et performance, permettant à chacun de ces relais d’honorer sa mission.