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Livret A, assurance-vie, fonds de pension : vers une nouvelle cartographie de l’épargne française

2 octobre 2025 par
Livret A, assurance-vie, fonds de pension : vers une nouvelle cartographie de l’épargne française
caissecooperativedaquitaine

L’épargne des Français reste abondante, dans un contexte d’incertitudes économiques persistantes. Toutefois, les signaux récents montrent que cette abondance s’exprime désormais de façon plus mesurée et plus sélective. D’un côté, la collecte nette du Livret A marque le pas après des années de flux très dynamiques. De l’autre, l’assurance-vie et les fonds de pension continuent d’afficher des encours élevés, mais leur rythme de progression est modéré, tandis que les gestionnaires privilégient les titres de créance à long terme au détriment des actions.

Ce basculement progressif dans les comportements d’épargne traduit une double réalité : d’une part, une prudence accrue face à l’incertitude macroéconomique ; d’autre part, un besoin de concilier sécurité et rendement dans des conditions où les placements classiques (taux bas, volatilité des marchés) sont de moins en moins attractifs.

Dans cet article, nous allons analyser en profondeur ces trois dynamiques, puis en tirer une synthèse sur les tendances de l’épargne en France aujourd’hui et pour les années à venir.

Le Livret A 

1. Un ralentissement notable de la collecte nette

Pendant longtemps, le Livret A a été le véhicule d’épargne de prédilection des Français : simple, accessible, défiscalisé, et garanti par l’État. Mais les données les plus récentes montrent un fléchissement significatif de son attractivité en termes de nouveaux versements.

  • En 2024, la collecte nette sur le Livret A a été de 14,87 milliards d’euros, contre 28,68 milliards en 2023. C’est la plus faible collecte annuelle depuis 2019. Cercle de l'Epargne

  • Le rapport de la Banque de France sur l’épargne réglementée indique que, malgré deux années record, les flux nets vers l’épargne réglementée ont atteint 20,1 milliards d’euros globalement en 2024 (tous produits réglementés confondus). Banque de France

  • En début 2025, la collecte de l’épargne réglementée (Livret A, LDDS, LEP) a reculé : en janvier 2025, la collecte rapprochée était de seulement 920 millions d’euros, contre 5,1 milliards en janvier 2024. Dans le détail, le Livret A a capté environ 350 millions d’euros ce mois-là, contre des niveaux bien supérieurs l’année précédente. La finance pour tous

  • Pour le mois de mars 2025, la collecte du Livret A est tombée à 400 millions d’euros, un niveau historiquement bas pour cette période (comparé à 1,53 milliard en mars 2024). Club Patrimoine

Ces chiffres montrent que, même si le Livret A reste populaire, son flux de nouveaux dépôts s’essouffle.

2. Une collection d’encours toujours robuste

Malgré ce ralentissement, le Livret A (et les livrets réglementés en général) conserve des encours conséquents :

  • En fin d’année 2024, l’encours total des livrets réglementés (Livret A + LDDS + autres produits) a atteint 603 milliards d’euros, en hausse de près de 7 % par rapport à 2023. BFMTV+2CercleDesEpargnants+2

  • Le mois de décembre 2024 a vu une collecte nette remarquable de 3,93 milliards d’euros pour le Livret A + LDDS, la plus forte collecte enregistrée un mois de décembre depuis 2009. CercleDesEpargnants+1

  • Le Livret A et ses équivalents continuent à représenter une part très importante de l’épargne liquide des ménages.

Ainsi, le ralentissement de la collecte ne signifie pas une crise de l’épargne réglementée : il s’agit davantage d’une normalisation des comportements après des années de flux excessifs.

3. Les causes de ce reflux

Plusieurs facteurs expliquent cette mutation :

  • Baisse des taux de rémunération : le taux du Livret A est passé à 2,4 % (depuis février 2025 puis abaissement prévu à 1,7 % à partir du 1er août 2025) FranceTransactions.com+4Service Public+4Ymanci+4

  • Contexte inflationniste modéré : l’inflation ayant diminué (estimée à 1,3 % en 2024) Le Monde.fr, l’écart entre rendement du Livret A et inflation se réduit, ce qui affaiblit l’incitation à verser massivement.

  • Besoin de liquidités et consommation contrainte : dans un contexte de remontée des prix des biens de consommation, une partie des ménages puise dans leur épargne ancienne pour financer leurs dépenses courantes.

  • Redéploiement vers des produits de long terme : les épargnants cherchent à diversifier vers des placements offrant plus de potentiel (assurance-vie, unités de compte, investissements immobiliers, etc.).

4. Témoignages

« Avant, j’ajoutais chaque mois quelques centaines d’euros sur mon Livret A sans y penser ; aujourd’hui, j’hésite à engager de nouveaux versements, parce que l’inflation consume plus vite les gains. »

— Jean, résident à Toulouse, 38 ans

« J’ai une priorité : avoir de la trésorerie disponible. Mais vu les rendements faibles, j’ai commencé à transférer une partie vers mon contrat d’assurance-vie. »

— Claire, professeure à Lyon

Ces témoignages, bien que non scientifiques, illustrent le sentiment d’une perte d’attractivité du Livret A pour certains épargnants.

Assurance-vie & fonds de pension : 

1. Encours et dynamique des flux

L’un des grands contrepoints à la décrue de la collecte du Livret A est la résilience des fonds investis en assurance-vie et fonds de pension.

  • Fin mars 2025, l’encours total des placements financiers détenus par les assureurs et fonds de pension s’établissait à 2 734 milliards d’euros, en hausse de 13 milliards par rapport au trimestre précédent. Banque de France

  • Les flux nets de placements des assureurs ont été de +23,9 milliards d’euros, et ceux des fonds de pension de +0,8 milliard, malgré une dévalorisation de certains actifs (-11,4 milliards) sur la période. Banque de France

  • Avant mise en transparence, les assureurs ont acquis 21,7 milliards d’euros de titres de créance de long terme et 2,3 milliards de parts de fonds non monétaires, tandis qu’ils ont cédé 1,7 milliard de parts de fonds actions. Banque de France

Ces données montrent que, même si l’expansion est modeste, le secteur de l’assurance-vie reste un pilier de l’épargne française.

2. La stratégie d’arbitrage : privilégier les titres de créance

Le choix des assureurs et fonds de pension pour les titres de créance à long terme (obligations, dette d’État, obligations d’entreprises solides) au détriment des actions n’est pas anodin :

  • Les actions, plus volatiles, sont perçues comme exposées aux cycles économiques, aux crises financières ou aux chocs sectoriels.

  • Les titres de créance offrent davantage de sécurité, des flux de revenus garantis (intérêts), et une meilleure projection de rendement sur le long terme dans un contexte de taux d’intérêt modérés.

  • Ces arbitrages traduisent une philosophie d’investissement prudent, qui vise à préserver la stabilité des rendements et limiter l’exposition aux soubresauts des marchés boursiers.

En portefeuille global, les assureurs détiennent maintenant environ 64 % en titres de créance, 20 % en actions et 16 % en parts d’OPC non transparents. Banque de France

3. L’assurance-vie : le produit préféré des Français

Parmi les produits d’épargne disponibles, l’assurance-vie conserve une place de choix dans le cœur des Français.

  • Selon l’enquête 2025 Les Français, l’épargne et la retraite, l’assurance-vie est le placement préféré pour 76 % des ménages, devant l’immobilier locatif (69 %) et le Livret A (60 %). Place des Investisseurs

  • Ce positionnement s’explique par sa dualité : à la fois un véhicule de capitalisation à long terme, et un outil intéressant pour la transmission patrimoniale (avantages fiscaux au-delà de 8 ans).

Comme pour le Livret A, des témoignages donnent une facette plus humaine à ces choix :

« J’ai longtemps mis mes économies dans des livrets, mais cette année j’ai consolidé mon assurance-vie. Je préfère sécuriser sur le long terme. »

— Marie, 47 ans, gestionnaire administrative

« En tant qu’investisseur prudent, je valorise le fait de sortir du fonds en euros seulement si nécessaire, et de bénéficier du mécanisme de rachat partiel. »

— Paul, chef d’entreprise à Bordeaux

4. Limites et défis

Malgré leur solidité, les placements en assurance-vie et fonds de pension ne sont pas exempts de défis :

  • Les rendements des fonds en euros sont sous pression, notamment à cause de la concurrence obligataire (taux bas sur les marchés).

  • Les frais de gestion ou les frais de chargement peuvent éroder la rentabilité nette pour les petits investisseurs.

  • Dans un contexte de taux bas, les assureurs doivent arbitrer entre sécurité (obligations très sûres) et recherche de rendement (actifs plus risqués).

  • L’allongement de la durée de détention et les contraintes réglementaires (Solvabilité II, exigences de fonds propres) imposent des arbitrages rigoureux aux assureurs.

Entre inertie, prudence et réallocation

1. Une épargne abondante mais plus « dosée »

Les Français continuent d’épargner, mais de façon plus équilibrée. Le ralentissement du Livret A ne traduit pas un désintérêt pour l’épargne, mais une maturité nouvelle dans le comportement : on cherche à combiner liquidité, sécurité et rendement.

Le taux d’épargne des ménages reste élevé — autour de 18,9 % au second trimestre 2025 selon la Banque de France — malgré le contexte inflationniste modéré. Yahoo Style

2. Une réallocation partielle vers des placements de long terme

Les flux vers l’assurance-vie et les fonds de pension montrent que les épargnants ne veulent pas rester prisonniers de l’immédiateté. Même si les rendements sont modérés, ces produits offrent des perspectives plus stables à long terme. L’arbitrage vers les titres de créance par les acteurs institutionnels reflète une préférence pour des revenus contractualisés et une volatilité maîtrisée.

De plus, on note une tendance accrue à comparer le rendement du Livret A avec celui des fonds en euros : certaines analyses anticipent que, en 2025, les fonds en euros pourraient offrir un meilleur rendement que le Livret A à 1,7 %. FranceTransactions.com

3. Vers une « régulation tacite » de l’épargne

Ce mouvement s’inscrit aussi dans un schéma plus structurel : l’épargne réglementée avait accumulé des flux exceptionnellement élevés en 2022–2023, en partie portés par la crise sanitaire et les restrictions de consommation. Le ralentissement actuel peut être vu comme une correction vers une tendance de long terme plus stable.

Le Rapport sur l’épargne réglementée 2024 souligne cette normalisation progressive des taux d’intérêt et des flux nets. Banque de France

4. Risques et scénarios à surveiller

  • Si l’inflation repart à la hausse, le pouvoir de rendement des placements stables pourrait être remis en cause.

  • Une chute sévère des marchés obligataires pourrait peser sur les portefeuilles des assureurs.

  • Si les taux remontent de façon significative, cela pourrait redonner du poids aux livrets réglementés, mais sous conditions de révision de leurs taux respectifs.

  • La fiscalité, les régulations bancaires/assurantielles et les arbitrages publics (lois, incitations fiscales) peuvent aussi influencer les flux d’épargne.

Conclusion & perspectives

L’analyse des trois dynamiques; le ralentissement de la collecte nette du Livret A, la stabilité modérée des encours d’assurance-vie / fonds de pension, et les arbitrages réalisés vers les titres de créance met en lumière une France de l’épargne en mutation.

Le Livret A, jadis exubérant par ses flux, retrouve une posture plus rationnelle : il reste utile comme coffre-fort liquide, mais perd de son rôle exclusif de refuge. De son côté, l’assurance-vie continue son rôle de colonne vertébrale de l’épargne durable, mais dans un contexte de sécurité accrue, les gestionnaires privilégient les emprunts de long terme au détriment des actions volatiles.

Pour les épargnants, la leçon est claire : diversifier, chercher des produits à long terme, mais également rester vigilant sur les coûts et les conditions de sortie. Les dispositifs tels que les prêts à taux zéro ou les incitations fiscales peuvent jouer un rôle complémentaire (notamment pour l’investissement immobilier ou la rénovation énergétique).

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