Depuis deux ans, l’Intelligence Artificielle a été le moteur principal de la hausse des marchés boursiers mondiaux. Des entreprises comme NVIDIA, Microsoft, Meta ou encore les fabricants de semi-conducteurs ont enregistré des progressions spectaculaires, certaines multipliant leur valeur par trois ou quatre en quelques mois. Cette croissance fulgurante a attiré une vague d’investisseurs particuliers et institutionnels, persuadés d’assister à une nouvelle révolution technologique.
Mais aujourd’hui, alors que l’engouement atteint des niveaux rarement observés depuis la bulle Internet, plusieurs analystes, géants de la gestion d’actifs et même des hedge funds connus pour leurs positions contrariennes commencent à réduire leur exposition à l’IA. Et ce mouvement n’est pas anodin.
Une concentration du marché jugée dangereuse
Jamais, dans l’histoire récente des marchés, la performance globale des principaux indices boursiers n’avait reposé sur aussi peu d’entreprises.
- Aux États-Unis, plus de 35 % du S&P 500 est désormais concentré sur seulement 7 valeurs liées à l’IA.
- Sur le Nasdaq, ce poids dépasse parfois 50 % selon les jours de cotation.
Autrement dit, si un seul de ces géants déçoit, c’est tout le marché qui vacille.
Cette dépendance extrême réduit la diversification du portefeuille des investisseurs, même lorsqu’ils croient détenir des placements « variés ».
Des valorisations devenues difficiles à justifier
La hausse des cours n’a pas seulement été rapide. Elle a été vertigineuse.
Dans certains cas, les actions se paient plus de 40 à 60 fois les bénéfices annuels des niveaux que l’on n’avait plus vus depuis l’explosion de la bulle Internet au début des années 2000.
De nombreux professionnels considèrent que le scénario actuel laisse peu de marge d’erreur, même pour des entreprises en hypercroissance. Une simple révision d’objectif, un ralentissement de la demande ou une concurrence inattendue peut entraîner des corrections brusques.
Une concurrence qui s’intensifie
NVIDIA domine aujourd’hui le secteur des puces pour l’IA, avec plus de 80 % de parts de marché.
Mais cette position attire logiquement les convoitises :
- AMD lance des puces concurrentes.
- Intel tente de revenir dans la course.
- Les géants du cloud Amazon, Google, Microsoft développent leurs propres processeurs IA, pour réduire leur dépendance à un seul fournisseur.
Plus il y a de concurrents, plus les marges risquent de baisser à l’avenir.
Des signaux de prudence venant… des professionnels eux-mêmes
Plus surprenant encore : une partie des fonds les plus sophistiqués du monde prennent des positions short (paris à la baisse) sur certaines valeurs liées à l’IA, ou réduisent leur exposition.
Plusieurs rapports de marchés mentionnent que :
- certains hedge funds jugent la valorisation excessive,
- des institutions allègent leurs positions pour sécuriser les gains,
- les investisseurs privilégient des secteurs moins chers mais en transition (énergie, infrastructures, santé).
Lorsque ceux qui disposent des meilleures sources d’information commencent à réduire leurs positions, il est souvent prudent de ne pas ignorer le signal.
L’importance de sécuriser ses gains
L’un des plus grands pièges des marchés financiers est de penser qu’une tendance ne peut jamais s’inverser.
Or, comme le rappelle un analyste d’une grande banque américaine :
« Ce n’est pas parce qu’une histoire est vraie, que son prix est raisonnable. »
Alléger ses positions ne signifie pas sortir du secteur.
Cela veut dire sécuriser une partie des gains, retrouver de la diversification et profiter potentiellement d’autres opportunités de marché.
Conclusion
La question n’est pas de savoir si l’Intelligence Artificielle représente l’avenir.
La question est de savoir si la valorisation actuelle des entreprises liées à l’IA reflète raisonnablement cet avenir.
Pour nombre d’investisseurs professionnels, la réponse est désormais : pas totalement.
Réduire son exposition, sécuriser une partie des profits et rééquilibrer un portefeuille trop concentré devient alors une stratégie de prudence.
Non pas par pessimisme, mais par sens de la gestion du risque.